Créée à l’initiative de deux graphistes anversoises, Tille Lingier et Linde Luyten, la start-up Redopapers récolte les excédents et les déchets de papier des entreprises en général et des imprimeries en particulier. Ces excédents sont ensuite reconvertis de manière artisanale en produits de papeterie design, tels que des blocs-notes, des agendas, des albums à dessin, des plannings hebdomadaires et mensuels, des calendriers, des carnets d’adresses, des to-do-lists, etc. Une démarche alliant originalité, raffinement et écologie. De plus, elles ont été nommées « Starter de l’année 2017 » par Unizo.
« Au risque de faire dans le cliché, je dirais que de simple hobby, Redopapers est rapidement devenu une activité prégnante », raconte Tille Lingier. « De par notre cursus, Linde et moi avons la passion du graphisme et du papier. Au cours de nos études, nous nous sommes rendu compte à quel point faire relier un livre en petite quantité coûtait cher. Les frais de démarrage sont particulièrement élevés. C’est ce qui nous a poussées à le faire nous-mêmes. En trois années d’existence, Redopapers est devenu une véritable entreprise qui nous occupe toutes deux à plein temps. Tout est fabriqué de manière artisanale dans notre atelier anversois. Il s’agit d’une activité extrêmement chronophage. Heureusement, des étudiants de l’enseignement spécial et des pensionnaires d’un centre de jour des environs viennent régulièrement nous donner un coup de main.»
Que propose Redopapers ?
Tille Lingier : « Pour notre propre ligne de production, nous récupérons des déchets et des excédents de papier d’imprimerie que nous redécoupons et réimprimons. C’est ainsi, par exemple, qu’un morceau d’affiche illisible est reconverti en couverture d’agenda ou de carnet à dessin. Les compositions typographiques prennent une autre dimension. Linde et moi nous occupons du graphisme avec, pour mots d’ordre, simplicité et minimalisme. Pour obtenir un aperçu de notre assortiment, rendez-vous sur notre webshop.»
Quelle est la provenance des matières premières ?
Tille Lingier : « Les imprimeries jettent chaque jour des montagnes de déchets de papier, imprimé ou non. Lorsqu’ils ont besoin d’un papier spécial pour une commande spécifique, les imprimeurs achètent généralement plus de papier que nécessaire et ils se retrouvent avec un surplus. Archiver ce papier excédentaire non imprimé coûterait trop cher et serait trop chronophage. Dès lors, nous le récupérons.» Et Linde Luyten de poursuivre : « Le traitement des déchets de papier est aussi une source d’inspiration. Nous sélectionnons personnellement le papier utilisé. C’est un processus long et difficile. Nous combinons des papiers de différentes épaisseurs, dimensions et structures, avant de les transformer en produit fini, dans un format nouveau et uniforme. Ainsi, en combinant du papier imprimé avec des feuilles blanches, nous créons de nouveaux designs intéressants. Par exemple, nous découpons des affiches de façon à créer des sujets abstraits de manière aléatoire. Cela peut être très beau comme couverture de livre, par exemple.»
Tous les types de papier sont-ils récupérables ?
Tille Lingier : « Absolument pas. Étant donné que nous effectuons des découpes, nous avons principalement besoin de papier au format A3 ou supérieur. Le papier doit en outre être inscriptible. C’est pourquoi nous n’utilisons pratiquement jamais de papier brillant. Nous apprécions particulièrement les grandes affiches publicitaires.»
Vous collaborez également avec des centres culturels et des entreprises, notamment avec Luminus.
Tille Lingier : « Effectivement. Les entreprises disposent également d’énormes surplus de papier. Lorsqu’une entreprise décide, par exemple, de changer de logo ou de style graphique, elle se retrouve forcément avec des excédents devenus inutilisables. C’est là que nous intervenons. Plutôt que de détruire ces stocks obsolètes, nous élaborons ensemble un concept personnalisé : nous intégrons ce papier dans de nouveaux produits, tels que des cadeaux d’affaires, des blocs-notes ou des agendas. Nous avons notamment conclu des partenariats avec le M HKA (Musée d’Art Contemporain d’Anvers), Broederlijk Delen (Partage Solidaire), l’Opera Ballet Vlaanderen et Archeduc. Nous avons également en chantier un projet de récupération et de recyclage des surplus de Luminews. Mais je ne peux rien dire de plus pour l’instant.»
Une autre initiative sympa : vous partagez votre passion pour le papier par le biais d’ateliers créatifs.
Tille Lingier : « La reliure relève carrément de l’artisanat. Il s’agit d’une activité extrêmement agréable. C’est pourquoi nous partageons notre passion et notre expertise avec des particuliers et des groupes. Nous organisons nos workshops dans notre atelier anversois. Il nous arrive également de nous déplacer. Nous enseignons aux participants les techniques de base. Les outils utilisés par les relieurs étant particulièrement onéreux, nous employons du matériel domestique (ustensiles de jardin, de cuisine, etc…). Très souvant, une simple cuillère, par exemple, fait parfaitement l’affaire.»
Votre démarche de recyclage s’étend-elle à d’autres domaines ?
Tille Lingier : « Absolument. La durabilité est une des priorités de notre entreprise. Nous n’imprimons pas nous-mêmes mais travaillons en étroite collaboration avec l’imprimerie écologique De Wrikker à Berchem et l’imprimerie Antilope De Bie à Duffel. Cela nous semble aller de soi. Nous veillons également à réduire au minimum notre empreinte écologique. En matière d’emballage par exemple, nous privilégions les adhésifs écologiques, au détriment du plastique. Nous sommes également très attentives aux économies d’énergie. Dans le privé, Linde et moi consommons de manière responsable. Linde vient d’acheter une maison et recherche un plancher durable. Personnellement, je suis une adepte de l’upcycling. Ainsi, je préférerais construire moi-même mes armoires de cuisine plutôt que d’en acheter des neuves.»
Que vous reste-t-il comme objectifs ? Quelles sont vos aspirations ?
Tille Lingier : « Il n’est pas interdit de rêver. Nous sommes conscientes qu’il est impossible de traiter la totalité des excédents de papier. Mais nous souhaitons susciter des vocations et créer des émules. Ce que nous réalisons avec du papier, d’autres devraient pouvoir le faire avec des matériaux différents. Il n’existe pas de meilleur moyen de lutter contre le gaspillage. Nous souhaitons en outre investir davantage dans les emplois sociaux. Il s’agit d’une situation gagnant-gagnant : la plupart des personnes qui viennent donner un coup de main dans notre atelier sont des étudiants de l’enseignement spécial à qui nous proposons une expérience professionnelle utile. Nous offrons également à certains jeunes diplômés de ces écoles un contrat fixe d’un ou de plusieurs jours par semaine. Et nos perspectives de croissance sont énormes. Le nombre de points de vente en Europe est en augmentation constante.»
Pour finir en beauté : quel est votre conseil ultime pour économiser de l’énergie ?
Tille Lingier : « Nous partageons avec d’autres start-ups l’espace de co-working « Moskaw » à Anvers Nord. Il s’agit d’une expérience inspirante permettant en outre de faire des économies d’énergie. Pour tout ce monde, il suffit en effet de chauffer une cuisine et une salle de réunion.»
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