Créateurs de différence #58 : TipToh

Comment vous y prenez-vous pour diminuer votre empreinte carbone ? Arnaud Muylaert (25 ans) et Louis Curtil (30 ans) de TipToh y travaillent chaque jour. L’an dernier, ils ont lancé un lait à base de pois comme alternative à de nombreux laits végétaux. « Le pois n’est peut-être pas l’ingrédient le plus sexy en tant que variante de produit laitier, mais son goût est excellent, il est exempt d’allergènes et est plus respectueux de l’environnement », explique Louis, l’un des cofondateurs.
Conversation passionnante avec un créateur de différence unique !

Racontez-nous : qui êtes-vous et comment vous êtes-vous connus ?

Louis : « Arnaud est mon beau-frère. Mais en réalité, nous nous connaissons depuis longtemps. Nos mamans sont très amies, nous jouions donc déjà ensemble quand nous étions enfants. Lorsque je me suis mis en couple avec sa sœur, notre relation est redevenue plus étroite. Je suis kinésithérapeute de formation et Arnaud a récemment décroché son diplôme d’ingénieur commercial. Vous comprenez aisément qui est le cerveau financier de notre projet (rires). »

Comment est née l’idée de créer un lait végétal ?

Louis : « Je suis sensible à la question climatique depuis mon plus jeune âge. C’est mon grand-père en particulier qui m’a inculqué ces valeurs écologiques. Et comme mon frère est intolérant au lactose, nous ne buvions pas de lait de vache à la maison. Pendant la pandémie, mon activité de kiné s’est ralentie et j’ai commencé à expérimenter le lait végétal en cuisine. Au bout d’un moment, mon réfrigérateur était rempli d’échantillons. Ma compagne m’a alors dit qu’il serait peut-être préférable que j’en fasse quelque chose. Arnaud est alors entré en scène en tant que partenaire. »

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Votre lait est donc fabriqué à base de pois.

Louis : « Absolument. De nombreux laits végétaux posent des problèmes au niveau des allergènes ou de la fonctionnalité du produit. Le nombre de personnes qui souffrent d’allergies ou d’intolérance augmente quatre fois plus vite que la croissance démographique mondiale. Nous voulions donc proposer une alternative totalement exempte d’allergènes. Les pois jaunes sont cultivés en Europe et nous achetons le nôtre dans le Nord de la France. Le processus de production nécessite moins d’eau que pour les autres laits (y compris de vache) et émet moins de CO2. Nous maintenons l’équilibre entre l’aspect écologique et la valeur ajoutée nutritionnelle pour le client. »

Cela a-t-il été difficile d’obtenir un lait comestible à partir de pois jaunes ?

Louis : « Le processus a duré un an. D’autres entreprises avaient déjà commencé à développer le produit aux États-Unis et en Suède. Ce qui avait commencé dans ma cuisine s’est terminé grâce à l’expertise de divers laboratoires alimentaires. Nous avons ainsi collaboré avec Foodlab Proef de Schellebelle pour mettre au point notre lait de pois. »

TipToh a un impact positif sur le climat. Est-ce aussi le cas du processus de production ?

Louis : « Notre produit n’est pas encore très connu du grand public. Développer sa notoriété est dès lors notre préoccupation première. Ensuite, nous voulons en effet optimaliser notre processus de production. Notre lait ne nécessite pas beaucoup d’eau, ce qui constitue en soi un avantage en matière de durabilité. En comparaison avec le lait de vache, son impact est déjà de facto plus limité sur notre climat. »

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Quelle est la différence par rapport à d’autres variantes respectueuses des animaux comme le lait de riz ou le lait d’amande ?

Louis : « Ces alternatives végétales posent souvent des problèmes écologiques. Le lait d’amande nécessite par exemple énormément d’eau, provoquant de la sécheresse en Californie. Le riz est lui aussi très gourmand en eau et il provient principalement d’Asie. »

Vous impliquez les clients durant tout le processus, du choix de l’emballage à la définition du goût. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

Louis : « Sans nos clients, ce produit n’existerait pas. Leur avis compte dès lors beaucoup. Nous travaillons ainsi à la création d’une version barista de notre lait. Nous avons donc besoin de testeurs. Nos clients ont aussi contribué à la création de nos emballages. Nous sommes très accessibles sur les réseaux sociaux, c’est l’avantage d’une – pour l’instant encore – plus petite entreprise. »

TipToh propose aujourd’hui 3 variétés : Original, Unsweetened et Chocolate. Un favori se dégage-t-il auprès de vos clients ?

Louis : « Cela dépend un peu de la manière de voir les choses. Au niveau du goût, Chocolate est peut-être le favori, mais Original et Unsweetened permettent une utilisation plus large. Vous pouvez les utiliser tous les jours en cuisine. À cet égard, on peut donc leur donner le statut de favoris. »

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Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Louis : « Nous voulons nous développer. Aussi bien ici qu’à l’étranger. Pour donner plus d’impact à nos produits, nous devons aussi toucher un public plus large. À l’avenir, l’objectif consiste aussi à proposer encore plus de substituts aux produits laitiers : glace, yaourt, crème, etc. »

Votre produit trouve son origine dans votre intérêt pour la question climatique. Y faites-vous aussi attention dans votre vie personnelle ?

Louis : « Tout à fait. Je ne bois plus de lait de vache depuis très longtemps. En raison de l’intolérance de mon frère, mais aussi à cause de toutes les histoires horribles que l’on entend. Et de son impact sur le climat bien sûr. J’utilise par ailleurs très régulièrement le vélo et je suis végétarien. C’est pour moi une évidence. »

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Pourquoi devons-nous abandonner le lait de vache et privilégier le lait à base de pois jaune ?

Louis : « À chaque fois que vous renoncez à un verre de lait de vache, vous avez un impact positif sur le climat. La production de lait de vache consomme 29 fois plus d’eau et produit 3,8 fois plus de CO2 que le lait de pois. La différence est nette. Pour le consommateur et pour la planète, le lait de pois présente tous les avantages possibles : un excellent profil nutritif, les vitamines et les minéraux, et la facilité d’utilisation en cuisine. Quant aux inconvénients du lait de vache, comme les allergènes et les graisses saturées, ils ne concernent pas le lait de pois. »

Quel est le meilleur conseil que vous puissiez donner à nos lecteurs en matière de durabilité ?

Louis : « Cela se joue dans de petits détails. Dans le fait de changer de petites habitudes. Auparavant, tout le monde trouvait les panneaux photovoltaïques disgracieux sur un toit. Regardez maintenant. Les besoins de notre monde changent et en tant qu’êtres humains, nous pouvons facilement y répondre. Avec un bon état d’esprit, les choses peuvent rapidement évoluer. »