Créateurs de différence #9 : La Ruche qui dit Oui !

En septembre 2011, la Ruche qui dit Oui ! créait un outil web innovant permettant au plus grand nombre d’accéder à une alimentation de qualité tout en soutenant une agriculture fermière locale. Quant au lancement de la plateforme néerlandophone (Boeren en Buren), il date de mai 2015. Depuis, le réseau s’est fortement étendu : la communauté compte actuellement 15 Ruches à Bruxelles et 55 en Wallonie. En Flandre, la 60e Ruche ouvrira ses portes en octobre. Belinda Torres Leclercq, coordinatrice de la communication en Belgique, nous explique le concept.

La Ruche qui dit Oui ! : c’est quoi et comment est né le concept ?  

Belinda Torres Leclercq : « Il s’agit d’un concept importé de France en Wallonie et à Bruxelles il y a sept ans. Quelque quatre ans plus tard, en 2015, nous avons créé à Malines la première Ruche flamande. L’objectif ? Permettre aux consommateurs d’acheter des produits frais directement chez les agriculteurs et les fermiers de leur région. Autrement dit : encourager les circuits courts.»

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Une Ruche, comment ça marche ?

Belinda : « Une fois par semaine, les consommateurs peuvent retirer leur commande dans un centre de distribution de leur quartier, appelé Ruche. L’offre, toujours locale ou artisanale, est extrêmement variée : des fruits et légumes au pain, en passant par la viande, le fromage, la glace fermière, la bière artisanale et les cosmétiques bio. Les commandes se font en ligne et sont disponibles peu de temps après dans la Ruche de votre choix. Le cas échéant, vous pouvez tailler une petite bavette avec le producteur qui, parfois, prévoit même un thermos de café et quelques échantillons à déguster. Attention : une Ruche n’est pas un marché. Par conséquent, il est impératif de commander.»

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Comment passe-t-on une commande ?

Belinda : « Rendez-vous sur le site de La Ruche qui dit Oui ! et cherchez une Ruche dans les environs de votre domicile. Ensuite, créez gratuitement un compte qui vous donne accès aux produits sélectionnés par la Ruche de votre choix. Passez votre commande en quelques clics. Après avoir effectué votre paiement, vous recevez une confirmation par e-mail. Ensuite, vous pouvez enlever votre commande dans la Ruche en question. En général, les Ruches sont installées dans un lieu public (une école, un centre culturel, une bibliothèque ou une salle omnisports).»

Outre le circuit court, quels sont les autres avantages pour le consommateur ?

Belinda : « Tous les produits sont d’une fraîcheur et d’une qualité absolues, garantis sans conservateurs. Sans compter l’aspect social, qui a également son importance. Une Ruche est un lieu de rencontre où vous pouvez converser ou échanger des conseils culinaires avec des gens du voisinage et avec les producteurs.»

En tant que producteur, quels sont les critères pour intégrer une Ruche ?

Belinda : « Deux options sont possibles. La première, c’est de faire une demande en ligne de sa propre initiative. La seconde, c’est la recherche active de producteurs par le responsable local d’une Ruche. Il n’y a ni abonnement, ni droit d’entrée. Il n’est pas non plus obligatoire d’être présent chaque semaine ce qui, pour un apiculteur par exemple, serait impossible. Tout ce que nous demandons, c’est de créer un catalogue sur notre site internet. Rien de plus simple, mais nous sommes prêts à vous aider le cas échéant. Nous réduisons les conditions d’accès au minimum. Les agriculteurs et les paysans doivent déjà faire face à suffisamment d’obligations administratives pour ne pas leur en imposer davantage.»

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Quels sont les avantages pour le producteur ?

Belinda : « Le producteur fixe librement ses prix. 8,35 % des recettes sont reversées au responsable local de la Ruche et 8,35 % sont attribuées au réseau comprenant les personnes qui travaillent au développement de la plateforme internet, assurent le support technique et commercial et veillent à l’évolution du concept. Cela signifie donc que le producteur garde plus de 80 % de son chiffre d’affaires, soit beaucoup plus que lorsqu’il vend sa production à la grande distribution. Autre avantage : une Ruche n’est jamais très éloignée du lieu de production, la distance moyenne étant de 31 kilomètres. Tout étant commandé et payé d’avance, le producteur n’apporte que ce qui est prévu et repart sans invendus.

L’aspect social est également très important pour le producteur qui a l’occasion de rencontrer ses clients et d’échanger avec eux sur son métier, ses produits et leurs attentes. Le concept est également une incitation à se diversifier. Exemple : pour une Ruche où la demande en légumes variés était très importante, un producteur de chicons s’est mis à cultiver d’autres espèces. Afin de répondre à la demande croissante, son fils a même rejoint l’exploitation.»

Dans quelle mesure contribuez-vous à réduire la montagne de déchets ?

Belinda : « Les responsables locaux font des efforts considérables en ce sens. Par exemple, ils organisent régulièrement des distributions de “tote bags” en coton ou de sacs en jute. Cependant, la situation est différente d’une Ruche à l’autre. Dans la pratique, nous demandons aux consommateurs d’apporter leur propre sac, ce qui ne pose aucun problème. De nombreux clients réutilisent également des boîtes à œufs ou des sacs à pain en coton. Enfin, les producteurs ne sont pas avares d’efforts : ils proposent, par exemple, leur lait ou leur jus de pomme dans des bouteilles en verre.»

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Quels sont, à terme, vos ambitions et vos objectifs ?

Belinda : « Le scénario idéal ? Une Ruche par commune ! Avec quelque 130 Ruches réparties entre Bruxelles, la Wallonie et la Flandre, nous sommes sur la bonne voie. Cependant, il subsiste çà et là quelques blind spots. Nous recherchons donc en permanence des responsables de Ruche désireux de rejoindre la Communauté.»

Comment devient-on responsable local d’une Ruche ?

Belinda : « Un(e) Responsable de Ruche est parfaitement intégré(e) dans sa commune. Il ou elle est amateur de bonne chère et de convivialité. La plupart de nos collaborateurs exercent une activité à 4/5e ou sont indépendants à titre complémentaire. Une Ruche est ouverte une fois par semaine pendant à peu près deux heures, mais la somme de travail est importante. Vous devez notamment préparer le local en vue de la distribution et faire place nette lorsque la collecte est terminée. Sans oublier la paperasserie : envoyer les newsletters, rendre visite à de nouveaux producteurs, solliciter la presse locale… Comptez entre dix et quinze heures de travail par semaine. Un travail rémunéré à hauteur de 8,35 % du chiffre d’affaires.»

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Quel est votre conseil ultime en matière d’économie citoyenne ?

Belinda : « Le lundi, composez les menus de la semaine. Établissez une liste de tous les ingrédients dont vous aurez besoin et achetez de manière intelligente et raisonnée. C’est la meilleure manière d’éviter les achats impulsifs et les gaspillages inutiles.»

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Vous souhaitez trouver une Ruche proche de votre domicile ou en ouvrir une ? Rendez-vous sur le site internet de La Ruche qui dit Oui !