Les événements grand public sont des lieux propices à la distribution d’objets publicitaires en tout genre (bics, porte-clefs, ouvre-bouteilles, etc.) qui, pour la plupart, atterrissent rapidement dans la poubelle. Avec la start-up bruxelloise Merchery, Simon Polet et Benoit Fortpied ont déclaré la guerre à l’économie du
« tout jetable ». Si vous voulez notre avis, nos deux startuppers sont des créateurs de différence nés.
Présentez-vous et racontez-nous l’histoire de Merchery
Simon : « Benoit et moi sommes amis de longue date. Nous nous sommes rencontrés pendant nos études secondaires. Depuis quelques années, nous sommes passés d’amis à associés (rires). À l’issue de notre cursus universitaire, nous avons lancé Drink Big, une petite entreprise ayant pour vocation de lutter contre la surconsommation de plastique à usage unique. Nous avons commencé par vendre des gourdes isothermes réutilisables sur Instagram. Après quelques mois, nous avons été contactés par une entreprise qui voulait savoir si nous ne souhaitions pas personnaliser nos gourdes.
Ainsi naquit l’idée de Merchery : un one-stop-shop proposant des articles insolites, mais avant tout durables et responsables. Avant de choisir un produit, nous nous posons toujours un certain nombre de questions : est-il réellement utile ? Peut-il être fabriqué localement, à base de matériaux durables ? Et est-il susceptible de nous amener à modifier nos comportements ? Cela nous a permis de constituer une gamme diversifiée d’articles écoresponsables. »

Pouvez-vous citer quelques exemples de ce merchandising durable ?
« Nous ne nous sommes pas trop cassé la tête (rires). Notre catalogue comprend des bics, des mugs, des gourdes, des bougies et des casques de vélo. Mais nous travaillons également en concertation avec nos clients, en quête de produits innovants susceptibles de mettre leur marque en valeur. Bien entendu dans un souci permanent de durabilité et de transparence. »
Quel est votre principal moteur ?
« Le merchandising représente un marché gigantesque qui n’a pratiquement pas évolué ces dix dernières années. Chaque organisation cherche à vendre son histoire. Chaque année, les entreprises dépensent des milliards en articles de pacotille. Des stylos et des enceintes Bluetooth qui, le plus souvent, atterrissent dans la poubelle au bout d’une semaine. Quel gaspillage et, par-dessus tout, quelle charge pour notre planète. Nous pensons qu’il est possible, voire vital, d’agir différemment. Comment ? Tout simplement en proposant des articles de qualité pérennes et responsables. C’est à la fois bon pour le climat et pour l’image de l’entreprise. »

Le secteur du merchandising est-il à ce point polluant ?
« Même si nous ne disposons pas de chiffres tangibles, nous pouvons comparer le secteur du merchandising avec celui de la fast fashion. La majorité des articles sont de mauvaise qualité et sont fabriqués massivement en Asie dans des conditions de travail déplorables. »
Qu’est-ce qui différencie Merchery des entreprises concurrentes ?
« Selon nous, quantité n’est pas forcément synonyme de qualité. Mieux vaut trois articles valables que dix de piètre qualité. Cette manière de concevoir les choses permet de gagner sur plusieurs tableaux : vous respectez l’environnement, vous faites plaisir en offrant un cadeau sympa et durable et vous pérennisez le message de votre entreprise. »

Vous ne faites pas mystère du fait que vos articles sont fabriqués un peu partout dans le monde. En quoi cela vous paraît-il important ?
« Le concept de durabilité est une notion particulièrement large. Dans la mesure du possible, nous mettons tout en œuvre afin de trouver des fabricants locaux. Mais cela ne marche pas à tous les coups. Il nous arrive donc de chercher au-delà des frontières de l’Europe. Certains de nos fabricants se trouvent en Chine, à Taïwan et en Australie. Mais le fait qu’il nous arrive de délocaliser notre production ne signifie pas que nous renoncions à nos principes. Si la provenance d’un article est essentielle, la manière et les conditions dans lesquelles il est fabriqué sont plus importantes encore. Nous devons nous assurer que les travailleurs ne cumulent pas deux horaires, qu’ils ne sont pas contraints de travailler douze heures par jour, qu’ils touchent un salaire décent, etc. Les entreprises qui privilégient l’humain et la nature sont celles qui ont notre préférence. »

Avez-vous d’autres projets dans l’avenir ?
« Absolument ! Merchery en est encore à ses premiers balbutiements. Nous ne sommes en ligne que depuis avril 2020. Depuis lors, nous avons déjà réalisé du bon travail mais il reste encore tellement de choses à changer. Notre objectif est de véritablement révolutionner l’industrie du merchandising. Pas uniquement dans notre pays mais dans le monde entier. »

Appliquez-vous ces principes écoresponsables dans votre vie privée ?
« Drink Big, le projet qui a précédé la création de Merchery, était le fruit d’une frustration personnelle. Donc oui, Benoit et moi utilisons désormais notre propre gourde réutilisable (rires). Il existe une véritable corrélation entre le professionnel et le privé : notre mode de vie quotidien a été une source d’inspiration pour Merchery et aujourd’hui, c’est l’inverse. Par exemple, nous avons pris conscience de la manière dont sont fabriqués les vêtements et nous connaissons désormais mieux les endroits qui privilégient les vêtements durables. »

Pour conclure sur une note positive : quel est votre conseil ultime en matière de durabilité ?
« Il s’agit en fait d’un conseil très conventionnel : ne soyez pas trop exigeant avec vous-même. Depuis que j’ai pris conscience de l’impact négatif de la surconsommation de viande sur la planète, j’ai décidé de devenir végétarien. J’ai fait plusieurs tentatives, différentes à chaque fois, mais ce n’est pas aussi simple. En procédant par étapes, c’est moins contraignant et, après quelques mois, vous constatez un véritable changement de comportement. C’est ce dont vous avez besoin pour passer à l’étape suivante. Voilà le type de conseil que nous appliquons chez Merchery. »