Créateurs de différence #4: Robuust

En août 2014, Savina Istas inaugurait à Anvers le tout premier magasin sans emballages de Belgique. Robuust s’inspire du principe de précyclage, un concept visant à limiter les déchets au minimum dans l’optique de rendre la réutilisation et le recyclage obsolètes.

« Robuust est le fruit d’un concours de circonstances », explique Savina Istas. « L’idée a germé pendant mes études en développement durable à l’université de Maastricht, alors que la problématique des déchets commençait à faire son chemin. Après avoir pris conscience de la quantité de déchets que je produisais (je remplissais au bas mot un sac poubelle par semaine), j’ai recherché des alternatives. C’est ainsi que j’ai découvert le blog d’une jeune Américaine qui vivait sans émettre le moindre déchet. Même si j’étais consciente que l’objectif « zéro déchet » était impossible à atteindre me concernant, l’idée de Robuust était née.»

En quoi consiste le concept de Robuust et quel est son objectif ?

« Le plus important est bien évidemment d’émettre le moins de déchets possible. Les produits nous sont livrés en grandes quantités, ce qui limite le conditionnement. De plus, tous nos articles sont revendus en vrac. L’aspect bio est également très important. Il s’agit de produits fabriqués dans le respect de la personne humaine, des animaux, de la nature et de l’environnement. Enfin, les produits dépourvus d’emballage sont meilleurs pour la santé.» (Plus de détails ci-après)  

Robuust magasin sans emballages

Comment fait-on ses courses chez Robuust ?

« Rien de plus simple. Qu’il s’agisse de boîtes ou de sacs recyclables, vous apportez vos propres emballages. Nous pesons les emballages à vide lorsque vous pénétrez dans le magasin et repesons le tout à la caisse, une fois vos achats effectués. Nous défalquons le poids des emballages et vous payez uniquement leur contenu.»

« De nombreux consommateurs sont agréablement surpris par les prix. »

De quoi se compose votre assortiment ?

« Nous vendons des produits alimentaires, mais pas uniquement. Notre gamme alimentaire comprend tous les produits courants : pâtes, riz, céréales, biscuits, friandises, noix, fruits, légumes, beurre, produits laitiers, etc… Mais nous vendons également du savon, du gel douche, des détergents, ainsi que des produits qui s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Contrairement aux articles que l’on jette après l’emploi, nos cotons-tiges et nos disques démaquillants sont réutilisables à l’infini.»

robuust recyclez

Quel genre de clientèle fréquente votre magasin ? Uniquement des adeptes du concept ou également des consommateurs lambda ?

« Notre clientèle est extrêmement diversifiée. Certains clients viennent régulièrement faire leurs emplettes dans notre magasin anversois car ils ont résolument adopté le mode de vie « zéro déchet ». Mais étant donné que notre point de vente se trouve en plein centre d’Anvers, nous attirons également de nombreux riverains. Nous parvenons à fidéliser une bonne partie de notre clientèle, ce qui nous procure un sentiment de fierté. Nous voyons régulièrement les mêmes têtes franchir le seuil du magasin, avec leurs propres emballages (bocaux, sacs, etc…). Notre démarche leur donne matière à réflexion. Le fait qu’ils reviennent signifie qu’ils ont pris conscience de la problématique et qu’ils adhèrent au concept.»

Le concept « zéro emballage » n’est pas forcément une démarche évidente. Comment gérez-vous ce problème ?

« Effectivement, les choses ne sont pas toujours faciles. Nous achetons d’énormes quantités, ce qui limite considérablement le conditionnement. Ensuite, nous n’utilisons pas plus de deux sacs poubelles par semaine, alors que d’autres en consomment jusqu’à dix, voire davantage. De nombreux produits sont en outre livrés dans des boîtes en carton. Certes, cela représente davantage de papier et de carton mais c’est sans conséquence car ils sont parfaitement recyclables. Parfois, il est impossible d’éviter le plastique. Afin que les noix conservent toute leur fraîcheur, nous utilisons toujours des sachets en plastique. Malgré notre envie de faire autrement, nous ne pouvons y échapper.»

Acheter sans emballage robuust

Comment choisissez-vous vos fournisseurs ? En vous rendant sur place ou par le biais d’internet ?

« En fait, nous sautons une étape du processus. En commandant directement chez des grossistes, sans intermédiaires, nous faisons l’impasse sur le processus d’emballage.»

Mettez-vous vos préceptes en pratique dans la vie de tous les jours ? 

« La réponse est « oui ». Pour la publicité, nous utilisons principalement internet, ce qui permet d’éviter la distribution de prospectus. Nos factures sont envoyées par e-mail et un cachet réutilisable fait office de carte de visite. Nous évitons en outre au maximum le gaspillage alimentaire.»

Pourquoi est-ce si important de renoncer aux emballages ?

« La principale raison est naturellement la préservation de l’environnement. Si nous continuons à produire des déchets à la même cadence qu’aujourd’hui, les océans compteront plus de plastique que de poissons en 2050. De plus, cet amoncellement de déchets impacte fortement notre santé. Tôt ou tard, les hormones et les substances chimiques présentes dans le plastique provoqueront de graves nuisances. Du point de vue du client, l’intérêt principal est économique, vu qu’il ne paie pas l’emballage. Lors de leur première visite, de nombreux consommateurs redoutent que les prix soient plus élevés qu’ailleurs et sont agréablement surpris de constater qu’il n’en est rien.»

renoncer aux emballages

Quels objectifs comptez-vous atteindre avec Robuust ?

« On me demande souvent si j’ai l’intention de m’étendre et d’ouvrir d’autres points de vente. À dire vrai, je préfère rester concentrée sur le magasin d’Anvers. Nous verrons plus tard ce que l’avenir nous réserve.»

Quelles mesures prenez-vous au quotidien afin d’éviter les emballages ?

« Plutôt que de consommer de l’eau dans des bouteilles en plastique, j’emploie une gourde réutilisable. Lorsque je vais acheter mon pain, j’amène mon propre sac. Je prépare moi-même mes produits cosmétiques (baume à lèvres, gel douche, etc…). Et, bien entendu, je puise cotons-tiges et disques démaquillants dans le stock du magasin.» (elle sourit)

« Si nous continuons à produire des déchets à la même cadence qu’aujourd’hui, les océans compteront plus de plastique que de poissons en 2050. »

Quel est votre conseil « zéro déchet » par excellence ?

« Il faut que cela reste ludique et faisable. Ne bouleversez pas vos habitudes du jour au lendemain. Procédez étape par étape. Lorsque vous faites vos courses au supermarché, utilisez vos propres emballages. Buvez l’eau du robinet plutôt que de l’eau en bouteille. Chaque mois, faites un pas supplémentaire. Progressivement rime avec durablement.»