Créateurs de différence #7 : Out Of Use

Out Of Use recycle des déchets ICT, électriques et électroniques, de façon durable et responsable. Dès le début, le fondateur Mark Adriaenssens met la barre très haut : avec un pourcentage de recyclage de 89,96 %, Out Of Use est incontestablement un créateur de différence qui fait ses preuves.

Mark Adriaenssens a d’abord travaillé pendant dix ans comme directeur des opérations pour six usines de traitement d’appareils électriques et électroniques déclassés dans quatre pays différents. En 2009, il a décidé de créer sa propre entreprise : Out Of Use.

D’où vient le nom « Out Of Use » ?

« En fait, ce n’était pas le premier choix. L’entreprise aurait dû s’appeler ‘Unplugged’. Mais quand vous faites une recherche Google sur ce mot, vous obtenez d’innombrables résultats musicaux et ce n’est évidemment pas le but. ‘Out Of Use’ est alors sorti du chapeau. Ce nom dit tout ce que nous sommes : quand vos appareils ne fonctionnent plus, et sont donc out of use, vous venez nous les apporter.»

Que fait exactement Out Of Use ?

« Nous recyclons tous les appareils électriques et électroniques possibles et imaginables. Nous ne reprenons pas les appareils ménagers que les gens vont déposer au parc à conteneurs et qui sont ensuite recyclés par Recupel. Mais nous récupérons tous les appareils qui sont en lien avec l’entreprise : ordinateurs, laptops, smartphones, tablettes, imprimantes… Nous sommes en fait comme Recupel, mais pour le secteur B2B.»

Comment se déroule précisément ce processus de recyclage ?

« Soit le matériel est récupéré chez le client, soit les personnes nous apportent leur vieux GSM ou un ordinateur qui ne fonctionne plus. Ensuite, nous dépolluons les appareils. Cela veut dire que nous en retirons tous les éléments représentant une menace pour l’environnement comme l’huile, l’amiante, les cartouches d’encre, le mercure et les batteries au plomb. Nous répartissons ce qui reste en 54 fractions différentes, comme des disques durs ou des cartes-mères par exemple. Nous travaillons par démontage : nous démontons tout l’ordinateur de façon à séparer tous les petits éléments. La transformation finale en matières premières secondaires est effectuée par des entreprises spécialisées. Le fer, par exemple, part dans un four de fusion. Il y est transformé en matière première qui servira à fabriquer de nouveaux objets comme des outils ou des poutres de construction.»

Tout cela se passe-t-il dans votre atelier ?

« Non. Notre stratégie est très simple : sous-traiter quand c’est possible, faire nous-mêmes quand il le faut. L’environnement est notre priorité, mais en tant qu’organisation, nous considérons que l’aspect humain est important aussi. Au sein de l’entreprise, par exemple, la plupart des travailleurs sont des chômeurs de longue durée et des personnes de plus de 55 ans qui ont des difficultés à trouver un emploi. Mais nous collaborons aussi avec plusieurs institutions sociales, pour le démontage des appareils par exemple. Notamment le Centre Psychiatrique Universitaire à Bierbeek ou Dé Werkplaats à Herent qui emploient des personnes souffrant de handicap cérébral et de polyhandicap. Les tâches sont très diverses. Il peut s’agir de choses très simples comme retirer des CD de leur housse ou couper des prises. Nous travaillons également avec la prison de Louvain afin que les détenus disposent d’un revenu et puissent se réintégrer plus facilement à la fin de leur peine. Nous leur avons, par exemple, fait démonter une série de 35 000 décodeurs. Ils retirent le disque dur de chaque appareil et suppriment les données de façon à ce qu’ils puissent être réutilisés.»

Donc vous recyclez le matériel mais vous faites aussi en sorte que certains appareils redeviennent fonctionnels ?

« En effet. Nous sommes avant tout une entreprise environnementale. Et qu’y a-t-il de mieux que de recycler correctement les appareils ? Utiliser les appareils plus longtemps. Nous commençons donc toujours par faire une sélection basée sur la réutilisation. Et quand un smartphone ou un laptop est encore utilisable, nous lui donnons une deuxième vie.»

Comment procédez-vous ?

« Nous recevons essentiellement des appareils ICT, ce qui implique qu’ils sont bourrés de données personnelles de l’ancien propriétaire. Avant de pouvoir réutiliser cet appareil, il est donc important de supprimer totalement toutes les données personnelles afin qu’il soit impossible de faire le lien avec l’ancien propriétaire. Même un petit autocollant qui rappelle l’entreprise précédente, par exemple, doit être retiré. Avec la nouvelle législation sur la vie privée, c’est plus important que jamais.»

Qu’advient-il des appareils qui peuvent être réutilisés ?

« Nous les proposons à la vente, mais uniquement en Belgique. Nous n’exportons strictement rien en Afrique ou en Asie. Plus encore, nous avons un dépôt à Molenbeek où nous proposons ces appareils de seconde main afin de combler la fracture numérique qui existe toujours en Belgique. Car aujourd’hui, de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès à internet. Cela concerne surtout les personnes âgées qui n’ont pas grandi avec les ordinateurs et les smartphones, mais aussi les familles défavorisées. C’est pourquoi nous vendons, entre autres, des ordinateurs et des laptops à des prix très démocratiques.»

Vous ne vous intéressez donc pas uniquement à l’environnement mais aussi à l’aspect social ?

« Tout à fait. Comme je l’ai déjà dit, nous travaillons avec treize institutions sociales, mais l’environnement occupe toujours la première place. C’est la raison pour laquelle nous travaillons aussi avec Natuurpunt. Quand des entreprises nous apportent du matériel, c’est nous qui les payons. Pas l’inverse. Nous proposons au client de faire don de cette somme soit à une œuvre caritative, soit à Natuurpunt. Si son choix se porte sur Natuurpunt, nous achetons un mètre carré de terrain et nous plantons un arbre par ordinateur ou par laptop que nous recyclons pour le client. Donc, chaque ordinateur, chaque laptop, chaque smartphone devient finalement un arbre. À condition que le client choisisse Natuurpunt. À la longue, cet arbre compense les émissions de CO provoquées par l’utilisation et la production de cet appareil. Gagnant-gagnant ! »

Le citoyen lambda peut-il s’adresser à vous aussi ?

« Tout le monde est le bienvenu. Comme les grandes entreprises nous proposent souvent de grosses quantités de matériel, nous allons les chercher nous-mêmes. Mais les particuliers aussi peuvent donner une deuxième vie à leur smartphone ou à leur laptop. Ils peuvent facilement venir les déposer dans notre atelier à Beringen dans le Limbourg. Ou nous envoyer un smartphone sous enveloppe. Là aussi, le bénéfice ira à Natuurpunt.»

Quelle est votre grande mission ?

« Nous voulons avant tout soulager le monde d’un maximum de déchets dangereux. Pour cela, nous recyclons correctement et nous n’exportons rien à l’étranger. Mais comme je l’ai déjà dit : qu’y a-t-il de mieux pour l’environnement que la réutilisation ? C’est donc là que commence notre histoire.»

Et enfin, quel est votre conseil numéro un pour maximaliser la durée de vie des appareils ?

« La nouvelle technologie vous aide à utiliser plus longtemps l’ancien. Google, Dropbox… Tous ces outils vous permettent de collecter facilement de l’information sans surcharger votre appareil. Car Google et Dropbox, par exemple, tournent dans le cloud. Si vous en faites un usage abondant, vous pourrez donc utiliser votre appareil plus longtemps.»

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