En été, la production des panneaux solaires, des centrales nucléaires et des éoliennes est considérable et peut même dépasser les besoins en énergie. Or, ce surcroît de production n’est pas sans comporter un certain nombre de risques. Qu’entend-on par excédents d’électricité, quelle en est la cause, en ressentez-vous les effets et comment y remédier ?
Qu’entend-on par excédents d’électricité ?
Ces dix dernières années, Elia, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en Belgique, a multiplié les mises en garde quant au risque de pénurie d’électricité pouvant survenir en hiver. Par temps froid, la production pourrait ne pas suffire à absorber les pics de consommation. Le printemps dernier, la tendance s’est inversée : Elia a en effet appelé le secteur de l’énergie à la vigilance en raison d’un risque de surproduction d’électricité. Lorsqu’une famille ou une entreprise équipée de panneaux solaires produit nettement plus d’énergie qu’elle n’en consomme, il en résulte un excédent d’électricité. Si ce surplus d’électricité dépasse les limites acceptables, l’équilibre de notre réseau de distribution peut être compromis et le risque de mise à l’arrêt temporaire des grandes installations solaires ou des parcs éoliens est bien réel.
Comment de tels excédents d’électricité se produisent-ils dans notre pays ?
Les panneaux solaires ont actuellement le vent en poupe et le nombre d’installations photovoltaïques ne cesse d’augmenter. En 2024, un ménage belge sur quatre possède des panneaux solaires. Cela n’a rien d’étonnant car il s’agit d’une solution accessible, écologique et rentable. Ces dernières années, les entreprises ont également investi massivement dans le solaire. Tous consommateurs confondus, la capacité actuelle est de 10 gigawatts.
Même s’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les énergies renouvelables, cette surproduction énergétique génère pour la première fois des défis en été. En cette période de vacances, la production industrielle tourne au ralenti, tandis que la consommation des ménages et des PME diminue. Sans oublier le rendement des autres sources d’énergie, telles que l’énergie éolienne et nucléaire. La combinaison de tous ces paramètres génère des excédents d’énergie considérables.
Qui est Elia ?
Elia est le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en Belgique et gère le réseau haute tension. Elia Transmission Belgium fait partie d’Elia Group, qui approvisionne 30 millions d’utilisateurs finaux via, notamment, ses filiales en Belgique (Elia). L’une des principales missions d’Elia est de maintenir en permanence l’équilibre entre production et consommation.
Qui sont les gestionnaires de réseau en Wallonie et à Bruxelles ?
Sibelga est le gestionnaire des réseaux de distribution d’électricité et de gaz naturel pour les 19 communes de la Région de Bruxelles-Capitale. Sibelga garantit l’approvisionnement quotidien de plus de 500 000 ménages et entreprises et, grâce à des projets innovants, aide Bruxelles et ses habitants à préparer la transition énergétique, afin d’atteindre les objectifs climatiques.
ORES est le premier gestionnaire de réseau de distribution de la Région wallonne. ORES prend en charge l’exploitation quotidienne des réseaux de distribution d’électricité, de gaz naturel et d’éclairage public communal.
RESA est le principal gestionnaire de réseau de distribution d’électricité et de gaz en province de Liège. En qualité de GRD de service public pur, la fonction première de RESA est d’acheminer l’électricité et le gaz via les réseaux à moyenne et basse tension (électricité) et moyenne et basse pression (gaz) auprès des utilisateurs, qu’ils soient professionnels ou particuliers.
Quels sont les risques ?
Déséquilibre du réseau et black-outs
Sur le réseau électrique, production et consommation doivent être en permanence parfaitement équilibrées, sous peine de black-out. Si la production d’électricité est insuffisante, la fréquence du réseau chute en dessous du niveau critique (50 Hertz). À l’inverse, en cas de surplus d’électricité, la fréquence du réseau augmente, ce qui fait tourner les machines à une vitesse accrue dans tout le pays, jusqu’à ce que les limites soient dépassées et qu’elles se déconnectent automatiquement. Ceci est également valable pour les centrales électriques. Même si cet équilibre relève de la responsabilité d’Elia, nous avons tous un rôle à jouer.
Mon installation photovoltaïque peut-elle se déconnecter ?
En Belgique, si le rythme actuel se poursuit, le nombre de panneaux solaires aura doublé d’ici 2035, ce qui aura pour effet d’augmenter les défis liés aux excédents d’électricité en été. Lorsque le réseau est surchargé, l’onduleur peut décrocher temporairement. Ce décrochage est automatique et vise à protéger votre installation. Revers de la médaille, vous serez momentanément privé(e) d’énergie gratuite.
Une panne d’onduleur ? Un simple coup de téléphone à votre gestionnaire de réseau (vois ci-dessus) permettra de résoudre le problème.
La solution à la problématique des excédents d’électricité : flexibilité et autoconsommation
En coulisses, ce phénomène inédit mobilise l’attention du secteur de l’énergie. Découvrez ci-dessous un aperçu des solutions envisagées. Bonne nouvelle : chacun(e) à son niveau peut agir concrètement pour réduire le risque d’excédent d’électricité.
Comment Elia et les gestionnaires de réseaux de distribution gèrent-ils la situation ?
- Une part de l’électricité excédentaire pourrait être vendue à l’étranger. Il est malheureusement impossible d’exporter la totalité de nos excédents, car les pays voisins font face au même défi en cas de beau temps estival. Dans la pire des hypothèses, Elia sera dans l’obligation de déconnecter les grandes installations photovoltaïques, ainsi que les grands parcs éoliens.
- Elia dispose d’un plan de secours équilibré avec des sources d’énergie alternatives en cas de panne des centrales électriques.
- Des négociations sont en cours avec les gestionnaires de réseaux de distribution sur la manière de mettre en place, dans la pratique, un décrochage contrôlé des grandes installations photovoltaïques et des parcs éoliens. Une technique déjà expérimentée par nos voisins du nord.
- Les fournisseurs d’énergie sont également conscients des risques et encouragent leurs clients à limiter les excédents d’électricité.
Ce que vous pouvez faire
- Le plus important est de réduire les excédents d’électricité au minimum.
- En tant que propriétaire de panneaux solaires, il est essentiel de consommer immédiatement un maximum d’énergie produite par votre installation. Vous éviterez ainsi de surcharger le réseau, tout en réduisant les excédents d’électricité. Dans cet article, découvrez quelques conseils destinés à augmenter votre autoconsommation.
- Vous n’avez pas souvent l’occasion de consommer immédiatement l’énergie solaire que vous produisez ? Une batterie domestique constitue une solution pratique. Elle stocke l’électricité excédentaire pour une utilisation ultérieure.
- En gérant collectivement notre consommation d’énergie de manière consciente, nous contribuons à créer un réseau électrique stable et durable. Nous y avons tous intérêt.
Un tarif d’électricité dynamique pourrait-il être une solution ?
Si, à l’avenir, vous souscrivez un contrat avec tarif dynamique, sachez que vous bénéficierez de prix extrêmement bas, voire négatifs, pendant les périodes où l’électricité est excédentaire. Pendant ces périodes, il sera judicieux et rentable d’utiliser un maximum d’énergie ou de la stocker dans des batteries. Cette remarque est également valable si vous possédez des panneaux solaires car, à ces moments-là, l’indemnité d’injection peut être négative. L’idéal est de consommer autant que possible l’électricité au moment où elles est produite par les panneaux solaires, par exemple pour recharger votre véhicule électrique. C’est bon pour le portefeuille, mais aussi pour l’équilibre du réseau de distribution.
L’application Luminus Smart Charging vous permet de recharger votre véhicule électrique aux moments les plus avantageux.
Le partage d’énergie constitue-t-il une partie de la solution ?
Les consommateurs qui partagent l’énergie ne peuvent malheureusement pas apporter leur pierre à l’édifice. Théoriquement, vous pourriez transférer l’énergie solaire excédentaire vers votre résidence secondaire ou vers un autre bâtiment avec lequel vous partagez de l’énergie. Problème : cela nécessite toujours d’utiliser le réseau. Vous devez d’abord y injecter l’énergie pour pouvoir la partager, ce qui contribue à surcharger le réseau. Évitez donc l’injection et privilégiez l’autoconsommation.
L’autoconsommation est un premier pas vers un changement significatif de mentalité
Le secteur de l’énergie aspire à un changement de mentalité. Une plus grande flexibilité est indispensable pour mieux répondre à l’évolution de l’offre et de la demande des sources d’énergie verte. La construction de grands parcs de batteries et l’augmentation du nombre de bornes de recharge intelligentes constituent des solutions prometteuses permettant de réduire les excédents d’électricité. Sur le plan privé, l’augmentation de l’autoconsommation demeure la solution idéale.