Créateurs de différence #39 : Molleke

En 2019, Aline Morocutti, Alicia Pereira et Tessa Poldevaart unissent leurs forces pour mettre sur pied l’asbl Molleke. Dans un premier temps, elles ouvrent un pop-up store pendant 2 mois au sein de l’asbl Parckfarm Tour et Taxis à Molenbeek. Passée cette période d’essai, Molleke s’établit au 64 de la rue de la Poudrière, en plein centre de Bruxelles. Comme nous le constaterons lors de notre entretien, les trois fondatrices du projet qui forment un trio dynamique et complémentaire ne manquent pas de créativité et d’engagement pour œuvrer en faveur du changement, du plus petit au plus grand. De véritables créatrices de différence d’après nous !

Qui êtes-vous et qu’est-ce qui vous a motivées à mettre en place votre projet ?

Alicia : « J’ai une curiosité aiguë, une énergie débordante et une bonne humeur à toute épreuve. Mes spécialités sont l’alimentation et les cosmétiques bons pour nous et la planète. Je souhaite apporter du changement dans nos assiettes et dans nos vies à travers une alimentation et une consommation saines et respectueuses de l’environnement et des Hommes. »

Tessa : « Je suis experte en plantes cosmétiques et médicinales. Les formations sont aussi ma spécialité, et la transmission des savoirs est également une valeur fondamentale pour Molleke. Il m’a toujours semblé que l’alimentation nous définissait, nous les humains. Dans le projet Molleke, j’ai trouvé un respect profond pour ce qui est produit, et pour celui qui produit. Y travailler boucle la boucle. »

Aline : « J’ai toujours vu l’humain comme un tout. L’alimentation joue un rôle important dans le bien-être, mais ce n’est pas tout. Les cosmétiques qu’on utilise, l’air que l’on respire et l’eau qu’on boit sont aussi importants. Je rêvais d’ouvrir un espace semblable à un general store,avec des produits alimentaires et non alimentaires, mais aussi de proposer un lieu d’échange sur les pratiques durables. Nous sommes complémentaires. Chacune a ses spécificités, mais les valeurs que nous défendons nous unissent sur le terrain. »

Quelles sont les missions de Molleke et la vision défendue par l’asbl ?

Aline : « La vision que nous défendons, c’est le partage des connaissances et l’échange d’informations comme outils dans la quête d’un changement des comportements. Quant aux missions de l’asbl, il s’agit de sensibiliser et de mettre en pratique des méthodes visant la réduction des déchets et l’adoption d’un mode de vie plus sain, de créer des moments de convivialité, d’entraide et de partage, sans jugement, et de réinventer et diffuser des recettes pour un monde plus durable. »

Faites-vous attention à votre consommation énergétique au sein même de l’asbl ?

Aline : « Molleke est située dans un bâtiment qui date de 1886. Il est très beau, mais niveau isolation… Nous avons dû faire des choix. Au lieu de tout rénover pour améliorer l’isolation d’un bâtiment dont la note de chauffage aurait été impayable, on a fait preuve de créativité. L’idée était de garantir un certain confort sans dénaturer le lieu et sans faire de dépenses déraisonnables. Pour nous accompagner dans nos travaux, nous avons fait appel à un bureau d’architectes. Comme nous avons une grande toiture, nous avons mis en place un système de récupération d’eau de pluie. Dans une idée de partage des connaissances et de sensibilisation à la rareté de l’eau, les citernes de récupération sont visibles et les toilettes publiques de l’asbl sont alimentées en eau de pluie. Et s’il fait frisquet ? On s’habille comme des Eskimos et on a tout ce qu’il faut à l’asbl : bouillottes, couvertures, semelles. Cela dit, les châssis ont été remplacés. »

Molleke

Nous avons lu que l’aspect social est crucial pour vous. Expliquez-nous un peu.

Aline : « Pour Molleke, l’aspect social se crée tout seul. Nous sommes conscientes toutes les trois que l’homme est un animal social en constant apprentissage. Tous les contacts sont aussi enrichissants pour les uns que pour les autres. On a tous une astuce à donner, un vécu à partager. Nous sommes reconnaissantes des contacts humains qui se produisent en permanence. On ne voulait pas d’une vie « métro-boulot-dodo ». On a voulu créer un job à notre image tout en étant conscientes que si on veut faire évoluer la société, on a besoin des autres. Molleke c’est plus que l’asbl, c’est un acteur du quartier ».

Vous proposez notamment votre Espace Citoyen à la location. Quelles sont les activités qui s’y déroulent généralement ?

Aline : « Avant le Covid, Molleke a organisé et accueilli des événements de teambuilding. Un événement a aussi été organisé dans l’Épicerie autour de la projection d’un documentaire sur la question du genre en partenariat avec une association œuvrant pour la population défavorisée du quartier. Mais une fois que les conditions le permettront et que les travaux seront terminés, le projet sera de créer un espace où l’on peut discuter de sujets profonds, et pas seulement d’alimentation et de zéro déchet. Molleke, c’est une Épicerie hors du commun, qui proposera également un espace dédié au bien-être, équipé aux normes en vigueur et loué à l’heure ou à la demi-journée à un coût modique. La troisième partie du bâtiment de l’association accueillera un café, qui sera sous-loué pour des projets de petite restauration ou de cuisine de transformation pour invendus, par exemple. »

« On a une belle dynamique de quartier. De nombreux bénévoles nous apportent une aide précieuse. Un jour, Iris, une jeune fille de 11 ans qui avait accompagné son papa à un événement de teambuilding organisé à Molleke, s’est présentée pour proposer son aide comme bénévole. Depuis, elle vient les jeudis après l’école pour nous donner un coup de main pendant deux heures. Elle adore ça et nous, on adore qu’elle y trouve son bonheur. »

La pandémie a dû avoir des retombées sur vos activités. Qu’avez-vous fait pour vous adapter ?

Aline : « On est en constante adaptation depuis le début. Les règles sanitaires nous ont obligées à changer tous nos plans. Nous pensions commencer par les ateliers et l’Espace Citoyen, mais on a dû démarrer par le côté plus commercial, l’Épicerie. Alors, on a lancé notre webshop au début du Covid. On organise une distribution sur place par semaine, le vendredi soir, de 17 heures à 19 heures. C’est alors un véritable moment de rencontre. Si certains projets ont dû être mis en attente, on n’a pas arrêté de cogiter et de maintenir le contact, notamment via une newsletter hebdomadaire. »

Quels sont vos projets à court terme ?

Aline : « À court terme, Molleke aimerait lancer ses ateliers, ouvrir les espaces Citoyen et Bien-Être et réaménager les lieux de manière durable. Même si je ne suis pas pédagogue dans l’âme, j’ai bien conscience de l’importance de la reprise des ateliers. Je sais aussi que la communication et la transmission du savoir sont les points forts de Tessa et d’Alicia. »

Comment faites-vous toutes les trois, à la maison, au quotidien, pour tendre vers un avenir durable ? Faites-vous attention à votre consommation énergétique ?

Aline : « On cherche à vivre le plus simplement possible, tant au niveau de notre consommation énergétique que des produits consommables qu’on achète. On est des pros de la seconde main, pour le mobilier comme pour les vêtements. Parmi les alternatives qui existent, on cherche à trouver celle qui nous convient le mieux. La transition écologique peut se faire par plusieurs chemins. Si certains ont le temps de pouvoir préparer leurs produits cosmétiques, d’autres veilleront surtout à bien manger le soir en réalisant des recettes faciles, mais à base de bons produits. » 

Enfin, quelle est votre astuce personnelle pour nos lecteurs qui souhaitent adopter un mode de vie plus durable ?

Aline : « Plus qu’une astuce, il faut se poser la question de la pertinence de chacun de ses gestes, mais sans fanatisme. Est-ce que ce que je fais a du sens ? Est-ce que je ne pourrais pas faire autrement ? Se poser la question, c’est y répondre. Les alternatives viennent d’elles-mêmes. »

Êtes-vous ou connaissez-vous un vrai créateur de différence?

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