Créateurs de différence #21 : Marten de More Circular

Derrière un morceau de plâtras informe, Marten van Leeuwen visualise une magnifique lampe design. More Circular, l’entreprise qu’il a fondée en 2017, transforme les déchets de construction en magnifiques produits et articles à la fois décoratifs et écoresponsables. Donnons la parole à ce créateur de différence hors du commun.

More Circular Design prétend que notre manière de produire et de consommer n’est pas compatible avec un mode de vie durable. Vous pouvez développer ? 

Marten : « Plus personne n’ignore que produire et consommer à outrance génère un impact négatif sur l’environnement. Les gens prennent de plus en plus conscience de la nécessité de modifier leurs comportements et d’adopter un mode de vie durable. Chaque jour, nous sommes confrontés à la pollution atmosphérique et à la raréfaction des matières premières. Cependant, produire et consommer moins n’est pas la panacée. Quel est le principal problème ? Aujourd’hui, tout est basé sur le profit et c’est précisément là que le bât blesse. Si nous modifions les processus de production et de développement afin de rendre les produits plus respectueux de l’environnement, nous sommes amenés à produire davantage de cette manière. »

Vous avez une formation d’ingénieur. Or, par l’entremise de votre entreprise More Circular, vous créez de jolies lampes design à partir de déchets de construction. Comment vous est venue cette idée ? 

« J’ai vécu quelques années à Amsterdam, où j’ai travaillé dans une entreprise qui incinérait des déchets dans le but de produire de l’énergie. Cependant, plus je travaillais dans ce domaine, plus je prenais conscience que la solution était ailleurs. Le simple fait d’utiliser des déchets pour produire de l’énergie ne résout pas nécessairement les problèmes auxquels est confrontée la société. En m’appuyant sur ma formation d’ingénieur, j’ai cherché une manière de créer un nouveau produit à partir de déchets. Dans un premier temps, j’ai cherché à identifier le secteur qui générait le plus de déchets. Ce secteur s’est avéré être celui de la construction. En Nouvelle-Zélande  – le pays où j’ai grandi et où est né le concept More Circular  – les containers regorgeaient de restes de plaques de plâtre. J’ai donc décidé d’en faire quelque chose, sans très bien savoir où j’allais. Après une année d’expérimentation, j’ai trouvé le moyen de convertir ces déchets de plâtre en un nouveau matériau solide que, dans un premier temps, je destinais également à la construction. Comme les entreprises concernées ne manifestaient pas le moindre intérêt, j’ai décidé de créer un produit susceptible d’intéresser le grand public. C’est ainsi que la collection de lampes « Archy » a vu le jour. »

Vous utilisez principalement des déchets en plâtre. Expliquez-nous.

« En Nouvelle-Zélande, c’était relativement facile, car la plupart des maisons sont à ossature bois. La finition est principalement réalisée à l’aide de plaques de plâtre. En Belgique, par contre, les débuts se sont révélés plus compliqués, car les plaques de plâtre sont recyclées. J’ai cependant constaté que des résidus de plâtre atterrissaient également dans la poubelle. Aujourd’hui, je fournis des seaux à deux entreprises de plâtrerie qui soutiennent More Circular. Je récupère les seaux remplis de gravats qui, sinon, finiraient dans la benne à ordures. Il s’agit d’une situation gagnant-gagnant. Les entreprises font des économies sur l’évacuation des déchets, tout en valorisant leur image. En ce qui nous concerne, le système nous permet d’accéder facilement à de la matière première et d’éviter que ces gravats ne viennent grossir la montagne de déchets ou n’atterrissent dans l’incinérateur. »

Utilisez-vous d’autres moyens durables susceptibles d’impacter le processus de production ? Notamment en matière d’énergie ?

« Affirmatif ! L’énergie que nous utilisons est entièrement d’origine renouvelable. La toiture de l’usine de Schilde est recouverte de panneaux photovoltaïques. Pour le surplus, nous achetons de l’électricité éolienne. Bien que nous soyons au top en termes d’économies, nous procédons actuellement à une mise à niveau des machines afin d’en réduire encore la consommation. Nous disposons donc de suffisamment de moyens d’accéder aux énergies renouvelables. Désormais, notre priorité est d’acheter les matériaux localement et de les utiliser de manière économique. »

Comment envisagez-vous l’avenir ? Avez-vous l’intention de développer de nouveaux produits ? 

« J’aimerais que d’autres créateurs développent des projets à l’aide du matériau que je produis. Désormais, mon objectif est d’intensifier le processus et de l’implanter sur différents sites en Belgique et aux Pays-Bas. Autre avantage, et non des moindres : le matériau est parfaitement recyclable. Afin de boucler la boucle, je cherche des moyens pour que les gens ramènent leurs produits en fin de vie, que j’utiliserais pour fabriquer de nouveaux produits. »

À l’ère du « tout jetable », comment nous, simples citoyens, pouvons-nous contribuer à réduire la montagne de déchets ?

« Les gens répugnent à jeter leurs affaires. Or, la plupart du temps, ils n’ont d’autre choix que de se débarrasser de leurs appareils obsolètes. Si votre téléviseur a rendu l’âme, son sort est entre vos mains. Or, la responsabilité devrait incomber au fabricant. Il faut fabriquer des produits utilisables indéfiniment. Si le fabricant reste propriétaire du téléviseur, de la radio ou de l’installation hi-fi, c’est lui qui récupérera l’appareil en fin de vie et qui réutilisera les matériaux. Hélas, on en est loin. En revanche, une initiative est à la portée de tous : le compostage. Aujourd’hui encore, le gaspillage alimentaire est un véritable fléau. Chaque jour, des camions sillonnent les rues afin de collecter des tonnes d’ordures ménagères. Ceci est tout bonnement insupportable. Si, chacun à son niveau, mettait en place un compostage, le volume des poubelles tout venant diminuerait sensiblement. »

Luminus More Circular créateurs de différence

En guise de conclusion : Quel est votre conseil ultime en matière d’économie circulaire ?

« Prioritairement : achetez une lampe « Archy » (rires). Trêve de plaisanterie, le compostage est un bon début. Ensuite, achetez des produits fabriqués par des entreprises locales adeptes de l’économie circulaire. Cela demande certes un certain effort, mais le jeu en vaut la chandelle. A fortiori si nous nous y mettons tous. »