Nombre de gens aimeraient réduire leur empreinte écologique, mais ne savent pas toujours par où commencer. Dans ce cas, c’est toujours bien de pouvoir suivre un guide. Avec la famille Zéro Carabistouille, le ton est donné : trêve de balivernes, le zéro déchet, c’est maintenant !
Sylvie, Pierre, et leurs deux filles Naïs et Una étaient déjà sensibles à la cause environnementale, mais en 2015, une rencontre avec la chantre du zéro déchet Béa Johnson allait pousser leur engagement encore plus loin. L’idée était de parvenir à ne produire plus qu’un seul bocal de déchets par an. Depuis, le défi a été relevé, mais ce n’est pas tout. Un blog et un livre ont été publiés pour inspirer d’autres familles avec des tutoriels, des recettes, de bonnes adresses et une foule d’informations utiles pour adopter un mode de vie plus résilient.
Comment est née l’idée du blog Zéro Carabistouille ?
Après la naissance de nos deux filles, nous avons voulu aller plus loin dans notre engagement en faveur de l’écologie. Nous participions déjà à l’exploitation d’un potager collectif, nous consommions des aliments bio, mais ce n’était pas suffisant. La production de déchets et ses conséquences désastreuses pour l’environnement était un aspect dont nous n’avions pas pleinement tenu compte jusqu’alors. À la suite de notre rencontre avec Béa Johnson, nous avons donc eu l’idée de publier le blog zerocarabistouille.be pour partager nos réussites, nos questionnements et tout un tas d’informations pratiques.
Produire l’équivalent d’un seul bocal de déchets par an implique certains changements d’habitudes. Pourriez-vous nous en donner quelques exemples ?
Il s’agit d’y aller progressivement, pas à pas. On peut par exemple effectuer un « scan poubelle » en analysant le type de déchets que son ménage produit. Ensuite, il existe un tas d’options envisageables : les barquettes en plastique et autres emballages peuvent facilement être supprimés en privilégiant les achats en vrac ou la viande fraîchement découpée. Actuellement, plusieurs groupes d’achat permettent aussi de faire la part belle aux circuits courts. Il faut faire preuve d’imagination, voir ce dont on pourrait se passer, et le cas échéant, remplacer le produit en question par une variante moins désastreuse pour l’environnement.
Lorsque votre vision sur les déchets a changé, quelle a été la réaction de vos enfants ?
En 2015, nos filles avaient 6 et 9 ans et nous leur avons expliqué le sens de notre démarche. Ici aussi, nous y avons été petit à petit. Les boîtes de céréales du petit-déjeuner ont été remplacées par des céréales en vrac, par exemple. Ayant grandi dans une famille déjà sensible à la cause environnementale, nos filles n’ont pas été confrontées à un changement trop rude. Aussi, comme on parle de plus en plus des conséquences des déchets à l’école et dans les médias, la transition n’est pas incompréhensible aux enfants.
Et la réaction de (et effet sur) votre entourage ?
Face à notre entourage, nous avons fait preuve d’empathie et de bienveillance. Tout le monde n’avance pas au même rythme et il faut se montrer compréhensif. Pour faciliter les choses, nous avons par exemple demandé à nos invités d’éviter d’apporter des produits emballés lorsque nous faisions une auberge espagnole. Celui qui n’avait pas respecté la consigne devait alors emporter chez lui les déchets de la soirée. Sous la forme d’un jeu, on peut facilement sensibiliser les autres en douceur. On sème de petites graines qui finiront peut-être par germer, en tout cas, cela ne coûte rien d’essayer.
À d’autres niveaux, quels sont les efforts que vous consacrez à la préservation de l’environnement, au niveau de l’énergie ou de vos déplacements, par exemple ?
Quand nous avons acheté notre maison, nous avons entrepris des travaux de rénovation destinés à renforcer l’isolation de notre bien, en faisant placer un revêtement en liège au sol, par exemple, ou un poêle à bois. Nous avons également une citerne de récupération de l’eau de pluie et nous limitons au maximum notre consommation d’eau. Notre toit n’est pas encore pourvu de panneaux photovoltaïques. Nous préférons procéder étape par étape, en partant de changements concrets pour notre foyer. Pour nos déplacements, nous privilégions la mobilité douce et réservons la voiture à de rares occasions.
Parmi les changements que vous avez opérés, quel est celui qui implique le plus gros sacrifice ? Reviendriez-vous pour autant à vos anciennes habitudes ?
Nous nous sommes aperçus que rien n’a véritablement été insurmontable. Je ne reviendrais pas sur les lingettes lavables par exemple, malgré l’« effort » que nécessite leur nettoyage : en réalité, ce ne sont que quelques morceaux de tissu en plus à mettre à la machine. Le prix de certains articles peut parfois être légèrement supérieur, mais je ne suis pas opposée à l’idée de payer un peu plus pour des produits de qualité qui ont du sens. Pour l’anecdote, je redoutais un peu que nos soirées perdent en convivialité sans chips industriels, mais là aussi, nous avons trouvé des alternatives qui ont fait l’unanimité et puis l’offre en noix et biscuits salés en vrac ne cesse de se diversifier, ce qui est plutôt agréable.
Quels conseils (concrets) pourriez-vous donner aux personnes qui aimeraient changer de mode de consommation ?
Je dirais d’analyser ses habitudes de consommation une pièce à la fois. Si la cuisine nous semble un espace trop ambitieux, rien n’empêche de commencer par la salle de bain. Là, on peut facilement opter pour une brosse à dents en bambou par exemple, ou des lingettes lavables, comme je disais. Les savons et shampooings sous forme de pain sont aussi une solution écologique et économique.
Dans mon livre Le Zéro déchet sans complexe, les différents chapitres portent sur les domaines pour lesquels une alternative est possible (vacances, enfants, alimentation…). On y retrouve aussi des conseils pratiques et des recettes de produits du quotidien. Mon deuxième livre à paraître est davantage axé sur la maison. Chaque pièce y est traitée individuellement avec, ici aussi, des recettes faciles et autres idées sympas pour se « mettre au vert ». Les idées ne manquent pas sur la toile et en librairie.
Pouvons-nous vous rencontrer à certains événements ?
Cet été, nous levons le pied pour aborder la rentrée qui s’annonce bien chargée. Dès le mois d’octobre, on parcourra la Belgique pendant deux mois et demi pour participer à des conférences, des séminaires et tout un tas d’animations. Les dates et infos pratiques seront publiées sur notre blog, n’hésitez donc pas à vous y abonner pour être informés des événements à venir. Vous pouvez aussi nous retrouver sur Facebook, LinkedIn et Youtube sous les comptes Zéro Carabistouille et Sylvie Droulans.
Quelle est votre astuce personnelle pour réaliser des économies d’énergie ?
De tout petits changements peuvent faire une grosse différence, à commencer par des ampoules LED. Aussi, on n’y pense pas forcément, mais le fait de charger son téléphone en journée permet de le débrancher dès qu’il a atteint sa charge maximale, et on n’oubliera pas de débrancher le chargeur lui-même. Les chargeurs et appareils en veille consomment en effet de l’énergie. Opter pour des piles rechargeables dans la mesure du possible et déposer les autres aux points de collecte prévus à cet effet est aussi une solution. Les filles, elles, vont à l’école à trottinette. L’énergie n’est alors plus consommée, mais dépensée !